Cette fois, Stefanos Tsitsipas a pu partager son bonheur. Avec les siens, bien sûr, mais surtout avec les 10 000 spectateurs du Rolex Monte-Carlo Masters. Sacré l’an dernier en Principauté, le Grec avait évidemment savouré ce premier Trophée en Masters 1000 mais, pandémie de Covid-19 oblige, il avait soulevé la Coupe du Prince devant des gradins désespérément vides. Alors son sourire, immense, ce dimanche 17 avril 2022, sur l’estrade du Court Rainier III, était encore bien plus large que douze mois auparavant. Sous un soleil de plomb et un ciel bleu immaculé, l’ovation fut longue et nourrie, car le public aussi était en cruel manque d’émotions depuis 2019 (l’édition 2020 avait été annulée en raison du confinement). Tout juste certains regrettaient-ils qu’Alejandro Davidovich Fokina n’ait pas arraché le tie-break du deuxième set pour prolonger un peu le suspense et coller à une 115e édition riche en rebondissements.
Car si Stefanos Tsitsipas a conquis son 8e titre ATP en deux sets (6-3, 7-6), rééquilibrant un peu son bilan des finales jouées (8 victoires / 11 défaites), ce fut non sans une petite frayeur (une de plus) dans la seconde manche. Logiquement, le Grec, tête de série n°3 et tenant du titre, allait entamer la partie plus détendu qu’Alejandro Davidovich Fokina, qui disputait sa toute première finale sur le circuit. Mais s’il y a un sport où la logique est souvent défiée, c’est bien le tennis. Et c’est l’Espagnol qui breaka le premier pour mener 2-1 sur une subtile amortie de revers slicée. Avantage aussitôt effacé par Tsitsipas d’un passing de coup droit long de ligne. Le tournant du set intervint à 4-3 Tsitsipas. Forçant un peu pour rester au contact, Fokina sortit un revers de vingt bons centimètres et vit le set lui filer sous le nez (6-3 en 31 minutes). Cette volonté de tenir tête au 5e mondial se traduit d’ailleurs sur la feuille de statistiques finale (29 fautes directes pour 18 coups gagnants pour Fokina / 18 « winners » et 17 « unforced errors » pour Tsitsipas).
Sur sa lancée, le finaliste de Roland-Garros 2021 breaka d’entrée de deuxième manche (2-0) et la rencontre semblait pliée. Pas du tout. Réunissant et secouant les quelques gouttes d’essence restantes dans le moteur, Davidovich Fokina s’accrocha comme il l’avait annoncé pour sa première grande finale. Il inscrit 10 points sur 11 pour recoller et même passer devant 3-2. Il fit alors appel au public qui le poussa à continuer. Tsitsipas serra toutefois le jeu, lâchant un énorme cri de rage pour égaliser à 3-3. Le stress rattrapa alors l’Espagnol à 4-4. D’abord avec un 3e smash raté après une énorme défense du Grec. Puis avec deux fautes, une en coup droit, une en revers et un Tsitsipas cassant le rythme pour mieux piquer en coup droit et s’emparer du service adverse. Mais comme contre Diego Schwartzman en quart de finale (il menait 6-2, 5-2), le membre de l’Académie Mouratoglou fut incapable de conclure sur son service à 5-4. Fokina leva les bras vers la foule, qui se leva dans un bruit assourdissant. Inconnu du grand public avant le début de la semaine, le natif de Malaga se nourrissait des puissants « Foki ! (son surnom) Foki ! Foki ! » scandés des tribunes. Une belle reconnaissance pour celui qui pointera au 27e rang mondial lundi.
En cas de victoire, Davidovich Fokina aurait même intégré le Top 20. Mais la réussite choisit son camp dans le tie-break. Celui du tenant. A 2 points à 1, Tsitsipas décentra un coup droit qui retomba… sur la ligne et conclut ensuite au filet. Sur sa deuxième balle de match, à 6-3, le Grec s’arracha en défense et conclut d’un magnifique passing de revers. Davidovich Fokina tenta bien un dernier plongeon (sa signature cette semaine). En vain. Bientôt les deux joueurs se retrouvèrent à terre, sur le dos, couverts de terre battue.
L’un auteur d’un doublé à Monte-Carlo – comme seuls Rafael Nadal (de 2005 à 2012 puis de 2016 à 2018), Juan Carlos Ferrero (2002 et 2003), Thomas Muster (1995 et 1996), Bjorn Borg (1979 et 1980) et Ilie Nastase (de 1971 à 1973) avant lui dans l’ère Open -, l’autre battu mais plein d’espoirs pour la suite de la saison. Si Taylor Fritz, à Indian Wells, et Carlos Alcaraz, à Miami, avaient allongé la liste des nouveaux vainqueurs en Masters 1000, Stefanos Tsitsipas est lui devenu le 8e joueur en activité sur le circuit à compter au moins deux succès dans cette catégorie derrière Djokovic (37), Nadal (36), Federer (28), Murray (14), Zverev (5), Medvedev (4) et à égalité avec Tsonga (2).
Rendez-vous l’an prochain pour la 116e édition du 8 au 16 avril 2023 !
Fokina : « Une semaine dingue ! »« Alejandro, vous devez être déçu mais en même temps, vous vous souviendrez de cette semaine…
Sans aucun doute (sourire). C’était une semaine complètement dingue. J’ai tellement apprécié tous les jours, tous les matches. Je n’ai pas les mots. Et je suis surtout tellement fatigué. J’ai connu beaucoup d’émotions. Battre des joueurs au top de leur carrière, le numéro un mondial Djokovic… Jouer ici, à Monte-Carlo, dans un stade plein, avec ce public incroyable. Mon corps va me lâcher. Je vais avoir besoin d’une bière pour me remettre (rires).
Vous jouez toujours avec une chaussette blanche et l’autre noire. Avez-vous un problème de blanchisserie ?
Non c’est une tradition. Il n’y a pas d’explication. C’est une sorte de superstition. Si vous voyez un jour Davidovich Fokina avec des chaussettes blanches ou noires, ce n’est pas moi. C’est mon frère (plaisanterie). Mais nous allons avoir un problème à Wimbledon. Il va falloir y penser.
Cette finale en Masters 1000 va-t-elle modifier vos attentes pour la suite de la saison ?
Bien sûr. Cette semaine m’a gonflé de confiance. Battre des joueurs aussi forts, c’est important. Je ne sais pas si je vais gagner beaucoup de matches après, je vais rester concentrer sur mon travail, me battre sur chaque point. Je vais savourer chaque moment, peu importe si je gagne ou je perds. Mais j’espère bien continuer… D’ailleurs, j’enchaîne avec Barcelone malgré la fatigue. Nous n’avons que deux ou trois tournois en Espagne, alors je veux joueur devant notre public, mes amis…
Nouveauté ou continuité ?L’un était attendu, l’autre moins. Encore que. Quart de finaliste du Rolex Monte-Carlo Masters et de Roland-Garros en 2021, Alejandro Davidovich Fokina faisait déjà partie d’une liste restreinte d’adversaires redoutés sur terre battue. Mais de là à l’imaginer disputer une première finale sur le circuit (voir par ailleurs), cette semaine, en Masters 1000, en battant au passage le numéro un mondial, Novak Djokovic, il y avait un pas qui semblait peut-être petit pour lui, mais plus grand qu’une glissade sur brique pilée pour l’aréopage tennistique.
Stefanos Tsitsipas faisait, lui, logiquement partie des favoris sur la ligne de départ pour défendre son titre, le premier en Masters 1000, conquis l’an dernier en Principauté. Sa finale à Roland-Garros (perdue contre Djokovic après avoir mené deux sets à zéro) a consolidé son statut de référence sur terre battue. Mais le voilà face à défi intéressant. Seuls cinq joueurs sont parvenus à conserver leur couronne en Principauté d’une année sur l’autre. Rafael Nadal, bien sûr (de 2005 à 2012 puis de 2016 à 2018), Juan Carlos Ferrero (2002 et 2003), Thomas Muster (1995 et 1996), Bjorn Borg (1979 et 1980) et Ilie Nastase (de 1971 à 1973). Que du très beau monde.
Sa demi-finale express face à Alexander Zverev lui conférera un avantage supplémentaire, celui d’une relative fraîcheur tant Davidovich Fokina a encore dû puiser dans ses réserves pour venir à bout de Dimitrov. Sans parler du facteur émotionnel que l’Espagnol, novice à ce niveau, devra appréhender. Mais Alejandro Davidovich Fokina a aussi une revanche à prendre sur le destin. L’an dernier, pour son premier quart de finale en Masters 1000, il avait été contraint à l’abandon, touché à la cuisse gauche, après 1h de jeu et la perte du premier set 7-5 contre… Tsitsipas. Cette fois, gagnant ou perdant, l’Espagnol compte bien se battre jusqu’au bout.
Face à face
Davidovich Fokina –Tsitsipas 0-2
2021, Monte-Carlo, terre battue, quart de finale, Tsitsipas 7-5, abandon
2022, Rotterdam, indoor, premier tour, Tsitsipas, 7-5, 6-7(1), 6-4
5 choses à savoir sur Alejandro Davidovich Fokina
A 22 ans, Alejandro Davidovich Fokina vient de mettre un sacré coup d’accélérateur à sa carrière. Après trois revers, sa quatrième demi-finale sur le circuit débouche donc sur une première finale. En Masters 1000 svp. Auparavant, il avait buté sur le dernier carré à Estoril en 2019 après être sorti des qualifications (battu par Pablo Cuevas 3-6, 6-2, 6-2), à Cologne en 2020 (contre Alexander Zevrev 7-5, 7-6) et à nouveau à Estoril en 2021 (face à Albert Ramos Vinolas 6-1, 6-4).
Sur le court, Alejandro Davidovich Fokina est un bagarreur, un teigneux. Il aime courir, se battre, disputer des matches longs et accrochés. Un goût du combat qu’il a hérité de son père Eduard, ancien boxeur. Mais s’il a toujours apprécié le noble art (il ne manque pas une occasion de regarder le film Creed, suite de la saga Rocky), il n’a jamais pu le pratiquer. Son paternel lui ayant mis une raquette entre les mains dès l’âge de deux ans plutôt que des gants de boxe.
Si le jeu d’Alejandro Davidovich Fokina peut être qualifié de « classique terrien espagnol », basé sur un gros lift, de l’intensité et de la résistance, l’Espagnol de 22 ans n’est pas pour autant un joueur fade. Il n’hésite jamais à salir son t-shirt et ne craint pas de plonger sur la balle (à 5 reprises contre Taylor Fritz cette semaine) et aime surprendre ses adversaires en utilisant régulièrement le service à la cuillère. Peut-être moins que Nick Kyrgios, mais tout de même. En quart de finale et en demi-finale du Rolex Monte-Carlo Masters, il s’y est essayé. Idem l’an dernier, à Roland-Garros, lors de son mano à mano en 5 sets et 4h35 contre Casper Ruud.
Oui, Alejandro Davidovich Fokina est un vrai spécialiste de terre battue. C’est la surface sur laquelle il a obtenu ses meilleurs résultats sur le circuit ATP. Mais plus jeune, il admirait plus Roger Federer que Rafael Nadal. Ce qui explique peut-être son sacre, un brin surprise, chez les juniors à Wimbledon, en 2017. Un goût assumé pour le gazon qui ne s’est pas encore traduit par des résultats à Wimbledon. Après deux éliminations lors des qualifications en 2018 et 2019, il a été éliminé au premier tour en 2021.
Loup sur les courts, agneau en dehors. Alejandro Davidovich Fokina a une tendresse particulière pour la cause animale. Surtout depuis la pandémie de Covid et les multiplications d’abandons post déconfinement. Il a d’ailleurs lancé une plateforme adoptas.org en avril 2021 afin de faciliter l’adoption d’animaux de compagnie abandonnés.
Son parcours
1er tour : bat Marcos Giron (USA) 7-5, 6-3
2e tour : bat Novak Djokovic (SER) 6-3, 6-7(5), 6-1
1/8e de finale : bat David Goffin (BEL) 6-4, 6-1
Quart de finale : bat Taylor Fritz (USA) 2-6, 6-4, 6-3
Demi-finale : bat Grigor Dimitrov (BUL) 6-4, 6-7(3), 6-3
5 choses à savoir sur Stefanos Tsitsipas
Cela peut paraître surprenant, mais aucun joueur de nationalité grecque n’avait intégré le Top 100 avant Stefanos Tsitsipas. Deux s’en sont rapprochés, Nicky Kalogeropoulos (108e en 1973) et Konstantinos Iconomidis (112e en 2007). Et si certains ne manquaient pas de rappeler les origines grecques de Pete Sampras, Mark Philippoussis, Nick Kyrgios ou Thanasi Kokkinakis, c’est chez les filles que la meilleure performance était enregistrée avec la 13e place à la WTA d’Eleni Daniilidou.
En 2021, 40 ans après sa mère, Stefanos Tsitsipas a inscrit son nom sur les plaques de marbre qui ornent le Monte-Carlo Country Club. En effet, en 1981, Julia Salnikova, avait été titrée en juniors à Monaco sous la bannière de l’Union Soviétique. Ils ont même immortalisé l’instant ensemble. Son père et entraîneur, Apostolos, a œuvré au club de Glyfada, dans la banlieue d’Athènes. Et son grand-père, Sergueï Salnikov a été champion olympique de football en 1956. Trois générations de champions donc.
Stefanos Tsitsipas a 23 ans et s’il est aujourd’hui l’un des meilleurs joueurs de tennis de la planète, il le doit aussi, en partie, à l’Académie Patrick Mouratoglou. Le Grec l’a en effet intégrée en 2015, à l’âge de 16 ans, après avoir été repéré par le patron des lieux sur… You tube. Partageant les mêmes origines que le jeune talent, et particulièrement intéressé par le profil technique de son jeu, Patrick Mouratoglou lui a permis de s’épanouir et de se perfectionner au sein des installations de Sophia Antipolis.
L’an dernier, Stefanos Tsitsipas a atteint la finale de Roland-Garros. A 22 ans, 9 mois et 30 jours. Et si tout le monde imagine déjà Carlos Alcaraz, 18 ans, signer une nouvelle marque référence, l’Espagnol en est encore loin. Mais en réussissant cette performance en 2021, Tsitsipas est devenu le plus jeune finaliste des Internationaux de France depuis… 2008 et un certain Rafael Nadal, qui disputait, déjà, cette année-là, sa quatrième finale.
Quand il était enfant, vers 11-12 ans, Stefanos Tsitsipas avait créé une page Facebook, Tennis Court ITN, pour y publier les résultats de Federer, Nadal et Djokovic. Une fibre journalistique qu’il a toujours conservée, s’inscrivant même sur les cours de journalisme en ligne de l’université de Harvard. Puis, le Grec est devenu un spécialiste des réseaux sociaux, partageant notamment ses vidéos dans un « vlog » avec visite de villes lors des tournois, voyages…
Son parcours
1er tour : bye
2e tour : bat Fabio Fognini (ITA) 6-3, 6-0
1/8e de finale : bat Laslo Djere (SER) 7-5, 7-6(1)
Quart de finale : bat Diego Schwartzman (ARG) 6-2, 6-7(3), 6-4
Demi-finale : bat Alexander Zverev (ALL) 6-4, 6-2
Tout les oppose
La jeunesse et la puissance face à l’expérience et l’esthétisme. Et quoi qu’il arrive, un finaliste inédit dans l’histoire du Rolex Monte-Carlo Masters. La première demi-finale de la 115e édition du tournoi met aux prises Alejandro Davidovich Fokina et Grigor Dimitrov, deux joueurs que même les bookmakers les plus aguerris et/ou audacieux n’avaient sans doute pas imaginé dans le dernier carré du premier Masters 1000 de la saison sur terre battue.
Certes, l’Espagnol avait atteint les quarts de finale l’an dernier, rééditant ensuite cette performance à Roland-Garros. Ses aptitudes sur terre battue sont indéniables. Mais son début de saison 2022 n’avait rien d’enthousiasmant, avec simplement un quart de finale à Doha comme référence mais neuf défaites pour quatre victoires seulement. Et juste avant de débarquer en Principauté, Davidovich Fokina s’était incliné au premier tour à Marrakech face à l’Argentin Federico Coria. Quant au tirage au sort, il n’avait guère été clément avec lui, puisqu’après un premier tour contre l’Américain Marcos Giron, le natif de Malaga avait rendez-vous avec le numéro un mondial Novak Djokovic. Son succès, mérité (6-3, 6-7, 6-1) face au Serbe l’a libéré et gonflé de confiance. Ce gabarit moyen (1,83m / 80 kg), trapu, avec des jambes de feu, rappelle aux quarantenaires l’Argentin David Nalbandian, son torse imposant, son revers à deux mains et son lift puissant. Sa tenue blanche et bleue et sa coiffure renforce encore cette impression. Mais l’Espagnol de 22 ans, fils d’un père boxeur, pourrait aussi s’inscrire dans la lignée prestigieuse de ses aînés. D’ailleurs, adolescent, Davidovich Fokina regardait toujours le Rolex Monte-Carlo Masters à la télévision. « Je me souviens bien de la finale entre Rafael Nadal et Albert Ramos Vinolas (2017). J’avais 17 ans et je me disais que j’aimerais être à leur place un jour. » Plus qu’un match et le rêve deviendrait réalité.
Mais attention, Grigor Dimitrov aussi en a rêvé et en rêve encore d’une finale à Monte-Carlo. Demi-finaliste en 2018, deux fois quart de finaliste (2013 et 2015), le Bulgare a très souvent bien joué sur les courts du MC.C.C. où il s’entraîne très régulièrement. Et sur ses huit défaites à Monte-Carlo, quatre l’ont été de la raquette de Rafael Nadal, dont ses trois dernières participations. Personne n’a non plus oublié ce premier quart, en 2013, où Dimitrov avait longuement bousculé Nadal, lui ravissant le deuxième set avec une valise de points gagnants et ne s’inclinant finalement que 6-2, 2-6, 6-4. Son tennis aérien, ses prises de balle précoces, son revers à une main d’école, son adresse au filet, son geste au service, copie technique conforme du geste de son modèle Roger Federer… A 30 ans, le Bulgare n’a rien perdu de toutes ses qualités. Physiquement, il est plus affûté que jamais. Et si la tête suit, pourquoi ne pas profiter de l’opportunité qui se présente ? Demi-finaliste à Melbourne, quart de finaliste à Delray Beach et Indian Wells, Dimitrov réalise un début de saison 2022 solide. Et il a peaufiné ses réglages sur terre battue durant quinze jours, ici, au M.C.C.C…
Face à face
Davidovich Fokina – Dimitrov 1-0
2021, Masters 1000 Rome, terre battue, 1er tour, Davidovich Fokina 6-4, 7-6(4)
Tsitsipas dans tous ses états
Disputer une demi-finale du Rolex Monte-Carlo Masters, ça se mérite. Alors quand les huit quarts de finaliste de cette édition 2022, tous représentant une nation différente (comme en 2001 et 2018 mais pour la troisième fois seulement depuis 2000) sont rentrés deux par deux sur le court Rainier III, c’était avec la ferme intention de vendre chèrement leur peau. Résultat : trois premiers matches en trois sets, deux dont l’épilogue est intervenu au tie-break de la manche décisive (une première depuis le début du tournoi) et 7h59 de jeu au total pour les spectateurs. Une orgie de points gagnants et d’émotions comme seul le tennis en réserve. Vous en voulez encore ? Pas de problème : le tenant du titre, Stefanos Tsitsipas vous propose une night session face à Diego Schwartzman.
Entrés sur le court à 20h10 sous les applaudissements des nombreux spectateurs restés en tribunes, les deux joueurs ont lancé la partie à 20h15 précises. 12 minutes plus tard, le Grec menait déjà 3-0 et il fallut attendre 29 minutes pour que l’Argentin, complètement dominé, évite une roue de bicyclette et inscrive son premier jeu pour revenir à 5-1. Pas de quoi faire vaciller la statue hellénique ? Un jeu de service de 8 minutes et deux balles de set manquées plus tard, Schwartzman avait comblé un break de retard 5-2. Piqué, Tsitsipas serra le jeu et conclut la manche sur un jeu blanc 6-2 en 43 minutes.
Plus puissant, plus offensif, plus complet, plus frais, Tsitsipas était un peu trop tout pour Schwartzman, incapable de contraindre le Grec à des échanges plus long ou à des courses répétées. Privé de temps, de coups, d’opportunités, l’Argentin continua de subir les évènements. A 2-1, le tenant du titre s’empara du break et se détacha inexorablement jusqu’à 5-2. Et puis, la coupure de courant. Le trou noir. 1 point inscrit en 3 jeux, des fautes grossières, des coups boisés. Et Schwartzman, qui n’en demandait pas tant, s’est retrouvé à 5-5 plutôt que sous la douche. Malgré une 4e double faute à 6-5, il parvint à pousser Tsitsipas au tie-break. Et là, nouveau blackout du Grec : deux bois, une double faute, deux smashes pas assez appuyés… 6 points à 1 puis bientôt une manche partout. Tsitsipas n’avait plus perdu un set au Rolex Monte-Carlo Masters depuis sa défaite au 2e tour contre Medvedev en 2019. Sept matches, sept victoires sans rien concéder. Dingue le tennis ? Carrément.
Et alors que le stade se mit à hurler des « Diego ! Diego ! Diego ! » tant la résilience du petit argentin a conquis le public, Tsitsipas commençait sérieusement à dégoupiller. Il écopa d’abord d’un avertissement pour « coaching » avec son père dans le box, puis défia le public du regard après avoir concédé le break 2-0. Complètement perdu sur le court, hors de lui, le Grec enchaîna les mauvais choix autant que les fautes directes. Malgré ses 196 cm, il paressait tout petit face au géant d’1,70m en face de lui. 4-0, 40-30 balle de 5-0 pour Schwartzman. Tsitsipas, à l’intox, se rua au filet et fut récompensé, refit un break de retard et revint à 4-2. Plus à une dinguerie près, la rencontre bascula dans l’irrationnel avec un nouveau break de Tsitsipas 4-3. Puis 4-4. Dans les tribunes, il y avait plus d’ambiance qu’au Stade Louis II un soir de victoire, même si, dans le même temps, l’équipe de football rouge et blanche était en train de signer elle aussi un petit exploit en s’imposant à Rennes (3-2).
Tsitsipas, après avoir enfin réussi à retirer le couteau qu’il s’était lui-même planté dans ses abdominaux saillants et surtout chassé quelques démons de son esprit, reprit le cours d’une partie qu’il aurait dû conclure bien avant. Break à 4-4 pour mener 5-4. Servant pour une deuxième finale consécutive, le Dieu Grec s’envola au filet pour une volée plongeon gagnante à graver dans l’Olympe. T-shirt maculé de terre battue, il vit le dernier revers de Schwartzman accrocher la bande du filet après 2h43. Et tandis qu’Alexander Zverev devait sans doute s’étirer dans sa chambre d’hôtel après son marathon contre Sinner (3h07), Tsitsipas en faisait déjà de même, exténué, contre le filet du Central. Au moins, les têtes de série n°2 et 3 partiront à égalité niveau fraîcheur pour leur demi-finale.
Davidovich Fokina premièreLa police monégasque mène actuellement une enquête dans les coursives du Monte-Carlo Country Club. A la recherche de l’Arturo Brachetti du Rolex Monte-Carlo Masters, illusionniste passé maître dans l’art du transformisme. Le profil ? Un Américain d’1,96m, brun, longiligne, aux larges épaules. Il est apparu une première fois, mardi, sur le court des Princes, vêtu d’un ensemble vert bouteille et blanc, bandana dans les cheveux, pour affronter l’invité monégasque Lucas Catarina. Passé à deux points de la défaite contre le 430e mondial, le suspect s’est ensuite volatilisé dans les vestiaires.
Des témoins l’auraient encore aperçu mercredi face à Marin Cilic et jeudi contre Sebastian Korda. Les descriptions concordent : un service XXL comme le t-shirt mais des déplacements très incertains sur la brique pilée. A-t-il été remplacé avant de pénétrer sur le Court Rainier III, vendredi matin, pour son quart de finale contre Alejandro Davidovich Fokina ? L’allure semblait parfaitement identique. Mais les premiers jeux posèrent question : Taylor Fritz balançait bien des pralines mais il courait, défendait, glissait même parfois. Remportait des échanges en filière longue face à un spécialiste de la surface. Sans parler des lignes qu’il touchait allègrement aux quatre coins du terrain. On le vit même tenter des amorties gagnantes en reculant. Au point de réussir rapidement un break et de s’envoler, en toute décontraction (6-2 en 49’). En début de seconde manche, débordé côté coup droit, Fritz tenta même de ramener la balle d’un coup du poignet slicé façon joueur de squash. Résultat ? Amortie court croisée gagnante. L’Américain, abasourdi par son propre coup, leva les bras au ciel, presque incrédule. Comme touché par la grâce.
Mais sur les coups de midi (et pas minuit), la magie commença à se disperser. Davidovich Fokina, jusque-là exaspéré par l’insolente réussite de son adversaire et qui n’avait rien trouvé d’autre qu’une pause toilette à la fin du premier set pour tenter de stopper l’hémorragie, tenta de mettre encore un peu plus de lift dans ses frappes. Il parvint (enfin) à faire le break à 4-4 sur un superbe revers long de ligne, avant un jeu de service interminable, où Fritz écarta une première balle de set d’un retour let, où l’Espagnol servit ensuite à la cuillère mais perdit le point pour finalement parvenir, au 9e point, à égaliser à une manche partout (6-4 après 1h41).
Dès lors, l’issue semblait inéluctable. Et même si Fritz débreaka une fois, la perte de son service à 3-3 lui fut fatale. L’Américain n’inscrit que 2 des derniers 18 points de la rencontre (dans le dernier jeu) après avoir encaissé trois jeux blancs en quatre minutes seulement. Sur un service à 215 km/h, Davidovich Fokina s’arracha avec sa spéciale, un plongeon, parvenant à remettre la balle dans le court. Fritz écroula son smash dans le filet. Epuisé après 2h25 en plein soleil.
Quart de finaliste du Rolex Monte-Carlo Masters l’an dernier, puis de Roland-Garros dans la foulée, Davidovich Fokina grimpe encore une marche à 22 ans avec une première demi-finale en Masters 1000. Et comme il le dit lui-même : « quand tu bats le n°1 mondial, Novak Djokovic (6-3, 6-7, 6-1 au premier tour), cela te donne beaucoup de confiance et l’envie de faire de grandes choses dans le tournoi… »
Sinner par KODans la famille des jeunes talents du circuit ATP, je voudrais les « faux jumeaux » Andrey Rublev et Jannick Sinner. A moins que vous ne préfériez jouer aux 7 erreurs. Même taille (1,88m), même morphologie longiligne, même couleur rousse de cheveux, même équipementier (tenue vert bouteille), même revers à deux mains, même coup droit canon… la liste est non exhaustive. Heureusement, jeudi, pour leur huitième de finale du Rolex Monte-Carlo Masters, l’Italien avait opté, malgré le soleil couchant, pour une casquette blanche vissée sur la tête. Pratique pour la différenciation.
Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’il va falloir s’habituer à leurs duels sur les courts du monde entier. Rublev, 24 ans, et Sinner, 20 ans, respectivement 8e et 12e mondial, font incontestablement partie des noms voués à prendre la relève et à inscrire leur nom sur différents trophées décernés sur le circuit ATP.
Lorsqu’ils se font face, les deux pourraient d’ailleurs allègrement hurler : « C’est à babord, qu’on cogne, qu’on cogne, c’est à babord, qu’on cogne le plus fort », avec en écho « C’est à tribord, qu’on cogne, qu’on cogne, c’est à tribord, qu’on cogne le plus fort… ». Sur le court Rainier III, le premier set se résuma à un échange de coups de fusils du fond du court, Rublev finissant par mettre la balle un peu plus souvent dans les limites du terrain que Sinner, parfois avec un peu de réussite ce qui eut le don d’agacer l’Italien qui ne manqua pas de balancer un grand coup de pied dans un mobilier publicitaire devant une chaise de juge de ligne. Au point de se faire mal au pied ? Sans doute pas, mais alors que Rublev réussit le break d’entrée de deuxième manche, Sinner répliqua aussitôt mais fit appel au kiné au changement de côté alors qu’il menait 2-1. On découvrir alors, en plus d’un gros strapping sur sa cheville droite, une vilaine ampoule sur le gros orteil. Le temps de poser une nouvelle protection et la partie de gifles reprit de plus belle.
Mais une simple contestation de Rublev fit alors basculer l’atmosphère du côté sombre. Le joueur dont il ne faut pas prononcer la nationalité en ces temps de conflits internationaux, déjà copieusement et honteusement sifflé lors de son entrée sur le court, se fit alors conspuer par la foule. Très regrettable quand on sait que Rublev, contrairement à certains de ses compatriotes, a pris clairement position contre la guerre et a même inscrit un message « Stop war » au feutre indélébile sur une caméra. Cette attitude sembla alors le désarçonner, le décontenancer, le déstabiliser au point de perdre quatre jeux d’affilée et le set 6-1.
Heureusement les débats se recentrèrent sur le tennis dans la manche décisive. Plusieurs échanges de break rendaient l’issue indécise. Mais le « body langage » faisait déjà légèrement pencher la balance du côté de l’Italien. Rublev traînait son spleen, regard dans les chaussettes, quand Sinner levait fièrement le menton et brandissait le poing vers son clan et ses supporters à chaque coup gagnant. Il variait également plus, réussissant une amortie par ci, un contre par là. Un nouveau break, 4-2, une première balle de match écartée par Rublev à 5-2. Et puis un jeu de retour sorti de nulle part à 5-3 avec pêle-mêle deux retours de revers et un passing gagnant en bout de course. Le finaliste de l’édition 2021, sonné depuis un moment déjà, les guiboles balbutiantes, le regard dans le vide, était cette fois définitivement KO. « Je n’entends même pas la question du speaker, lança, hilare, Sinner, au public, en guise de remerciements. Vous avez fait un bruit de dingue. Merci à tous. »
En quart de finale, Jannick Sinner grimpera encore d’une catégorie face à l’Allemand Alexander Zverev, n°3 mondial.
Ramasseurs à l’honneur !Comme chaque année, le jeudi est le jour des ramasseurs de balles. En effet, nos animateurs ont mis en place pour eux le grand concours du service le plus rapide. Toute la matinée, les ramasseurs se sont présentés sur cette activité pour réaliser la plus haute vitesse de service. A ce jeu-là c’est Quentin SNAET, pour les garçons, et Marie-Alix URCUN, chez les filles, qui ont réalisés les meilleurs scores. Quentin a réalisé un service à 172 km/h, et Marie-Alix à 150 km/h. Les deux grands gagnants se sont vus remettre chacun 2 polos du Tournoi.
Côté public, les animateurs ont mis en place divers challenges :
Demain, l’espace animations, sera ouvert, comme d’habitude, de 9h30 à 18h. Et n’oubliez pas, nos animateurs fournissent raquettes et balles (aux couleurs de DUNLOP) pour vous amuser tout au long de la journée sur l’espace animations. Et de nombreux cadeaux seront distribués.
Schwartzman a dompté la BomboneraQuand on se prénomme Diego et que l’on possède un passeport argentin, on ne craint pas les ambiances survoltées des terrains de sport. Au contraire. Cependant, jeudi, en huitième de finale du Rolex Monte-Carlo Masters, Diego Schwartzman a dû décrypter le talent de Lorenzo Musetti tout en résistant à une horde de Tifosi bien décidés à porter leur représentant tout en expulsant la frustration d’une nouvelle absence pour la Coupe du monde de football au Qatar à la fin de l’année.
Sous une température redevenue très estivale et un soleil de plomb, le Court des Princes s’est donc transformé, plus de deux heures et demie durant, en une véritable arène. A faire trembler non seulement les tribunes mais aussi l’argenterie des restaurants du Village VIP surplombant. L’échauffement avait à peine débuté que les « Lorenzo ! Lorenzo ! Lorenzo ! » résonnaient déjà. Et le jeune toscan de 20 ans sélectionna le mode Maestro en début de match. Un revers à une main digne des Richard Gasquet, Stan Wawrinka ou de son illustre compatriote Simone Bolelli, un coup droit qui claque, des amorties subtilement distillées, un déplacement aérien, une belle longueur de balle. Toute la panoplie du parfait prof de tennis y est passée. Symbole de cette réussite insolente et de ce bras gravé dans le précieux marbre de Carrare dont Musetti est originaire, cette volée liftée de revers long de ligne sur la balle de premier set. Un bijou. Après un peu plus d’une heure, le tableau d’affichage indiquait 6-2, 3-1 pour Musetti.
Mais du haut de son mètre soixante-dix, Diego Schwartzman n’est pas surnommé la fourmi atomique pour rien. Loin de se décourager, l’Argentin a continué de mouliner les jambes, à s’accrocher, à faire jouer le coup de plus. Il a aussi appuyé avec son coup droit pour ne pas subir constamment à l’échange. Et petit à petit, point par point, il a fini par revenir. Break, débreak, rebreak… Sa confiance revenait tandis que le doute et la fatigue commençaient à poindre chez Musetti. A une manche partout, l’Italien prit une « pause toilette », troqua son t-shirt vert bouteille pour un ton plus clair, se rafraîchit le visage et les idées et tenta de remettre un coup d’accélérateur. Mais le réservoir était déjà presque à sec. L’avant-bras droit passa du marbre à la guimauve et les fautes se multiplièrent. Quelques étincelles jaillirent à 5-2 pour combler un break de retard. Mais la magie s’envola immédiatement (2-6, 6-4, 6-3 en 2h32).
Debout, le court des Princes applaudit longuement les deux acteurs d’une fort belle partie. Musetti salua ses supporters avec l’intime conviction que son tennis attrayant peut l’emmener loin. Diego Schwartzman pensait déjà, lui, à la manière de déboulonner la statue du Grec Stefanos Tsitsipas, tenant du titre, vendredi, en quart de finale.
Fritz pétille !Soyons honnêtes : le grand livre d’histoire du Rolex Monte-Carlo Masters ne déborde pas d’exploits de joueurs américains. L’hymne du pays de l’Oncle Sam n’a jamais retenti sur le court central du M.C.C.C. Elevés sur dur, les tennismen venus des States sont rarement des férus de terre battue. Et pour ne rien arranger, le premier grand rendez-vous du printemps sur brique pilée, en Europe, se déroule juste après une grosse tournée américaine sur… ciment.
Mais de temps en temps, un Américain débarque en Principauté en peu en dilettante et finit par se prendre au jeu. Pour cette 115e édition du tournoi, la « new génération » d’outre Atlantique a dépoussiéré les statistiques avec un duel entre Taylor Fritz, 24 ans, et Sebastian Korda, 21 ans, pour une place en quart de finale. Une première depuis 35 ans. Les « pionniers » s’appelaient alors Jimmy Arias et Aaron Krickstein. Le premier avait battu le second (7-5, 6-1) avant d’atteindre la finale (défaite contre Mats Wilander 4-6, 7-5, 6-1, 6-3). Depuis, un autre Américain avait atteint les quarts de finale à Monte-Carlo, Sam Querrey, en 2008, éliminé par Novak Djokovic. Mais c’est à peu près tout.
Alors retrouver Taylor Fritz dans le grand huit du Rolex Monte-Carlo Masters constitue une surprise. Surtout pour ceux qui ont assisté à son premier match, sur le Court des Princes, face à l’invité monégasque Lucas Catarina, 430e au classement ATP. Le 13e mondial était passé tout près de la défaite (6-7, 7-6, 6-4) et s’en était sans doute sorti à l’orgueil. Ce fut un peu mieux mais compliqué tout de même face à Marin Cilic (6-3, 4-6, 6-4). Et puis, les jours passant, Fritz se prend au jeu. Jeune et insouciant, débordant de confiance après son premier titre en Masters 1000 à Indian Wells, après avoir infligé, s’il vous plait, sa première défaite de la saison à Rafael Nadal, l’Américain a signé mercredi son 20e succès de l’année 2022 en dominant son compatriote Sebastian Korda.
Les deux joueurs ont offert une belle opposition de style entre un Fritz puissant et s’appuyant sur un gros service (11 aces) et un Korda distribuant et variant le jeu à merveille, avec des coups à plat au timing parfait et un jeu au filet très habile. Korda se procura la première occasion de break à 3-2, écartée d’un ace, Fritz deux le jeu suivant là encore effacées par deux grosses premières. Plus rien jusqu’au tie-break où Fritz profita de deux fautes directes de son adversaire pour conclure 7 points à 4.
Dans la deuxième manche, Korda, marqué par son marathon de la veille face à Carlos Alcaraz, accusa le coup physiquement, remonta un break de retard sur une amortie délicieusement caressée mais craqua ensuite complètement.
Clin d’œil de la programmation. Quelques instants après leur huitième de finale, Taylor Fritz et Sebastian Korda repartaient vers le court 9, pour jouer ensemble, leur double contre Rohan Bopanna et Jamie Murray.
Zverev en costaudLorsqu’Alexander Zverev s’empara du premier set 6-1 en 24 minutes seulement contre Federico Delbonis, on craint un instant pour l’Argentin que le scénario de 2021 ne se répète. Delbonis n’avait en effet inscrit que deux jeux dans la deuxième manche contre Rafael Nadal laminé 6-1, 6-2. Mais le vétéran sud-américain de 34 ans à la technique de service si singulière eut un sursaut d’orgueil. Combiné à un léger excès de précipitation de l’Allemand, désireux d’en finir au plus vite, il breaka pour mener 2-0, conserva son avantage jusqu’à 4-2 mais finit par se faire rejoindre. Zverev obtint même une première balle de match à 5-4 30-40 mais son attaque de revers croisée sortit de quelques centimètres.
La tête de série n°2 dût donc patienter jusqu’à 6-5 où il se procura deux nouvelles opportunités d’éviter un tie-break piégeux et une prolongation tardive des débats. Sur la première, il força un peu trop côté droit. Mais sur la seconde, Delbonis, acculé, vit l’une de ses frappes stoppée par le filet.
En huitième de finale, Zverev affrontera Pablo Carreno Busta, qui a bénéficié de l’abandon lunaire de Bublik à 4-3 au troisième set après avoir concédé le break. Le Kazakh avait pourtant servi pour le match dans la deuxième manche. « Revenir ici, chez moi, est toujours un plaisir, se félicita Zverev. Je suis satisfait de mon match et de la manière dont je me suis déplacé sur le court. Mais contre Carreno Busta, je vais encore devoir élever mon niveau de jeu. »
La symphonie MusettiL’ambiance était au rendez-vous pour ce qui relève de l’exploit. C’était le duel attendu du jour. Ce mercredi après-midi, l’Italien Lorenzo Musetti, 20 ans, 83e mondial, s’est offert le numéro 9 mondial, Félix Auger-Aliassime, en deux sets 6-2, 7-6, en 1h42. Animé par une grande fureur et soutenu par un public acquis à sa cause, le Toscan n’a laissé aucune chance au Canadien, tête de série n°6 de ce Rolex Monte-Carlo Masters.
Le premier set est sans suspense. Lorenzo Musetti prend le service de son adversaire, dès le troisième jeu, après une énième faute directe en coup droit du protégé de Toni Nadal. La foule met déjà au parfum. « Forza Lolo », entend-on scander à répétition dans l’arène du central. « Felix m’a un peu facilité les choses au début du match », analysa ensuite l’Italien. Sur un nuage, Lorenzo Musetti confirme le break sur un magnifique lob, applaudi par le public qui continue à entonner des « Lorenzo ! »
Alors que le soleil tombe peu à peu, on a ensuite cru que les choses allaient tourner en faveur du Canadien. Il breake au quatrième jeu de la seconde manche pour mener 3-1. Mais il n’en fallait pas moins pour que Musetti reprenne avec brio et revienne à 3 jeux partout. Auger-Aliassime commet un enchaînement de coups boisés et de fautes directes qui ne lui permettent pas de se créer des situations favorables. Le jeu décisif sera finalement à l’image de ce match : à sens unique en faveur de l’Italien, très séduisant et merveilleux tactiquement, qui a conclu la rencontre 7 points à 2 d’un délicieux passing de revers court croisé.
Il peut savourer sa belle performance, car le jeune talent vient de signer sa deuxième victoire en carrière contre un Top 10, après celle remportée face à Diego Schwartzman, en 2021. D’ailleurs, on aura l’occasion de suivre le match retour entre les deux, puisque l’Argentin sera son adversaire en huitième de finale. Un peu plus tôt dans la journée, le sud-américain, spécialiste de terre battue, s’était en effet défait de Marton Fucsovics (6-0, 7-6).