Djokovic, soufflé par Davidovich Fokina

Jamais facile de reprendre la compétition. Le manque de matches et de rythme pèse dans les jambes et dans la tête. Pour des raisons sanitaires, Novak Djokovic n’a disputé que trois rencontres depuis le début de l’année et réapparaît sur le circuit sans repère. Son retour aux affaires mardi sur le Court Rainier III marquait l’évènement du jour au Rolex Monte-Carlo Masters. Il s’est conclu par l’élimination du Serbe en trois  manches, battu 6-3, 7-6, 6-1 par l’Espagnol Alejandro Davidovich Fokina, 22 ans, 46^e joueur mondial. Avec une feuille de statistiques loin de ses standards : 45 fautes directes et 8 breaks concédés.

Bousculé d’entrée de jeu par un Alejandro Davidovich Fokina très en verve, le N°1 mondial montre qu’il n’a pour l’instant que peu de reprise.  Si le Serbe parvient à sauver deux balles de break dans le premier jeu, le sursis est de courte durée. Derrière, l’Espagnol agresse son adversaire de ses balles bombées et liftées et marque trois jeux d’affilée pour mener 4-2. Il remporte la première manche 6-3.

Le score, cependant, ne reflète pas l’intensité et le niveau du match. A 2-0 Novak Djokovic s’offre une balle de débreak grâce à une attaque de coup droit long de ligne qui met son adversaire à terre et enflamme les tribunes. Balle de break sauvée de main de maître par l’Espagnol. Les décibels montent d’un cran.  Après 14 minutes et 5 balles de break sauvées, Davidovich Fokina, le regard noir et le poing conquérant, finit par remporter ce 3^e jeu pour mener 3-0.

Rien de tel pour éveiller l’instinct guerrier du numéro un mondial. A 3-1 15-A, le Serbe enchaîne trois points gagnants pour débreaker. Il en faut plus pour décourager l’Espagnol. Il reprend l’avantage sur une superbe contre amortie. Le Court Rainier III est en ébullition. Mais décidément, c’est un coup à toi un coup à moi entre ces deux-là. Djokovic ne veut pas céder. Il revient à 4-3 service à suivre. L’Espagnol, main pansée et T-shirt maculé, baisse momentanément la garde et laisse Djokovic revenir à 5-4. La manche semble pliée mais le terrien s’accroche. Le Serbe cède son service sur une grosse faute de coup droit. A 5-5 30-0, une volée dans le filet trahit la nervosité du N°1 mondial.

Mais Djokovic n’est pas numéro un mondial pour rien. On reconnaît les champions dans leur capacité à resserrer le jeu dans les moments importants. Le Serbe conclut le tie-break de la seconde manche sur un superbe lob de coup droit lifté sur la ligne de fond pour revenir à un set partout.

En temps normal, la perte du second set qu’il tenait au bout de sa raquette aurait dû entamer le moral du joueur de Malaga et permettre à Djokovic de prendre le large. Mais le Serbe paie physiquement son manque de compétition. Et l’Espagnol a la tête dure. Il s’accroche jusqu’au bout. A 3-1, un énième plongeon sur l’ocre monégasque lui offre une balle de 4-1. Convertie. Derrière, un jeu blanc sur sa mise en jeu le mène à 5-1. Frémissement dans les tribunes. Au bout du suspense et de près de 3 heures de match, Alejandro Davidovich s’offre l’exploit de sa vie : sortir le N°1 mondial en 3 manches (6-3 7-6 6-1).

« Je n’ai pas les mots. a déclaré l’Espagnol. Cette victoire est si spéciale pour moi. J’ai grandi en admirant Nole. Je regardais tous ses matchs. C’était mon idole. Je suis si heureux ! »

« Je tiens d’abord à féliciter, Alejandro, il était meilleur aujourd’hui analysa Djokovic. Il a trouvé un meilleur rythme. J’étais sur la corde raide tout au long du match, courant après les opportunités. Il aurait pu gagner en deux sets. J’ai réussi à m’accrocher pour gagner le deuxième mais après, j’étais cuit physiquement. Je n’ai d’ailleurs pas aimé la manière dont j’ai terminé le match. Les jambes ne répondaient plus. On va en discuter avec mon équipe. Je suis déçu bien sûr. Mais je savais que ce serait long.  Je vais essayer de retrouver la forme. L’objectif reste évidemment d’être à 100% à Roland Garros ».