Aristote disait : « Nous sommes ce que nous répétons chaque jour. » Rafael Nadal est un champion. Au quotidien. Et le voir brandir, tout sourire, la Coupe de S.A.S le Prince souverain sur un court Rainier III inondé de soleil, pour la 11e fois, constitue la preuve irréfutable que la routine peut parfois se révéler enthousiasmante. Certains s’agaceront de son écrasante domination, prétendront ne plus vibrer devant des rencontres, finales comprises, au suspense limitée et espéreront, même, pour les plus rageux, qu’un grain de terre battue enraye son impeccable et implacable mécanique d’ici Roland-Garros. Plutôt que d’empiler des superlatifs, que Rafa mérite pourtant tellement, afin de les faire revenir à la raison (et à la passion), il convient de rappeler qu’en sport, aucun palmarès ne s’est jamais forgé par hasard. Encore moins par chance.
Rafael Nadal est n°1 mondial, à 31 ans. Il compte 31 titres en Masters 1000 (record). Plus de 92% de victoires sur terre battue. L’Espagnol a remporté les 36 derniers sets disputés sur cette surface, sans jamais concéder plus de 4 jeux. Il a décroché son 11e Rolex Monte-Carlo Masters (aucun autre joueur n’a réussi cette performance sur un autre tournoi), le cinquième sans abandonner une manche en route (après 2007, 2008, 2010 et 2012). Irréel. Et pourtant, le Manacori enchaîne les séances d’entraînement avec la même intensité depuis 15 ans. Durant cette 112e édition, comment ne pas se rappeler cette scène cocasse de Nadal envoyant un sms sur le court à son entraîneur Carlos Moya juste après sa victoire contre Grigor Dimitrov en demi-finale, lui demandant de réserver immédiatement un court car il n’était pas satisfait de sa prestation. Travail. Humilité. Remise en cause permanente.
Rafael Nadal a une autre particularité. Il doute constamment. Durant les premiers instants de la finale, on le sentit un brin hésitant et il concéda même le premier break, 2-1 pour Nishikori sur un passing de revers. Mais le Japonais fut incapable de tenir son engagement (débreak offert sur une double faute) et l’Espagnol ne desserra ensuite plus l’étreinte. Par intermittence, Nishikori parvint à le surprendre, sur une amortie par ici, un contre dans le bon timing par là. Des intentions louables. Saluées par des applaudissements nourris de spectateurs avides de spectacle. Mais vaines. Après une vingtaine de minutes, Nishikori, martyrisé par la puissance du lift de Rafa, tentait déjà de détendre son poignet droit qui l’avait tenu éloigné du circuit durant cinq mois de l’été 2017 au début de saison 2018. Le miracle n’aurait pas lieu. Il avait compris. Il aurait pu devenir, même si c’est anecdotique, le premier joueur de l’histoire à remporter la même année un tournoi challenger et un Masters 1000. Plus fort encore que le retour de nulle part de Pablo Andujar la semaine précédente (succès à Marrakech après un challenger à Alicante). L’exploit aurait évidemment été ailleurs, dans cette capacité à faire chuter le Roi Nadal sur terre battue. Mais l’écart était grand. Trop grand. Presque abyssal.
Rassuré par le gain de la première manche (6-3 en 56 minutes tout de même), Nadal accéléra encore un peu le rythme dans la seconde. Et conclut son œuvre après 1h33 sur un revers croisé gagnant. Symbolique tant ce coup, longtemps considéré comme moins performant que son lasso en coup droit, a énormément évolué depuis le début de sa carrière. Autrefois arme défensive et de remise, ce revers lui permet depuis quelques saisons de faire mal. Très mal.
Rafael Nadal n’avait plus joué sur le circuit depuis son abandon en quart de finale de l’Open d’Australie contre Marin Cilic. En retrouvant sa terre battue chérie, le Majorquin a recouvré son sourire et le succès. Ses adversaires un peu moins. Roger Federer, lui, doit se féliciter sur son canapé d’avoir renoncé à la saison sur surface ocre. Même si nous aurions tant aimé, fans de tennis, que le Suisse ose défier son rival préféré sur son terrain.
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