18 April 2018: Novak Djokovic

N. DJOKOVIC/B. Coric
7/6, 7/5

Interview de NOVAK DJOKOVIC

Q. Quel match! Vous devez être satisfait aujourd’hui ?
R. Je le suis, surtout vu la manière dont j’ai réussi à ne pas lâcher un set. C’était un vrai test. Borna a un jeu similaire au mien. Il a fait un beau parcours à Indian Wells et Miami, et il arrive donc ici en ayant engrangé de la confiance. J’ai vu qu’il entrait sur le court en étant convaincu qu’il pouvait gagner le match. Il a joué son match dans cette optique. C’était une vraie bataille, vraiment. J’aurais pu gagner plus vite certainement, mais retrouver ces émotions a été fantastique. Je n’ai pas joué beaucoup de matches ces derniers neuf ou dix mois. Il me manque du jeu en compétition. De ce point de vue, le match était parfait aujourd’hui, il m’a mis dans le bon état d’esprit.

Q. Pour les deux suivants, ce sera probablement Thiem et ensuite Nadal. C’est ce que vous souhaitez ? Ou bien auriez-vous préféré un parcours plus facile ?
R. Les matches ne peuvent que devenir plus durs. Je ne vais me concentrer que sur Dominic. Ce serait un manque de respect vis-à-vis de lui et de la qualité de son tennis, sur terre battue surtout, de commencer à parler d’un match contre Nadal. Il m’a battu à Roland Garros l’année dernière en trois sets directs. Il fait vraiment partie des trois meilleurs mondiaux à l’heure actuelle. Il revient de blessure en plus, il n’a pas joué à Miami. Mais hier, il est revenu dans le match après avoir eu une balle de match contre lui, il a eu un match difficile lui aussi. Il est un spécialiste de la terre battue, il a un jeu puissant et peut jouer à l’intérieur du court, en reculant derrière la ligne de fond, il peut lifter la balle, jouer à plat, servir à 220 km/h, ou servir kické tout aussi efficacement. Il a tout ce qu’il faut pour la terre battue. Je ne dois me concentrer que sur ce match. Es—ce que j’ai un bon tableau ? Ce n’est pas le meilleur, mais il est ce qu’il est. Ce n’est pas la première fois que je rencontre de bons joueurs dans les premiers tours des tournois. Je suis impatient d’y être.

Q. Vous avez réussi à rester dans votre bulle aujourd’hui, malgré les balles de matches qui défilaient ?
R. Tous les joueurs professionnels que nous sommes essaient de trouver cette bulle, pour être pleinement concentré et ne pas gaspiller d’énergie. La frustration fait évidemment partie du sport. J’y suis habitué depuis de nombreuses années. J’ai aussi réussi à bien revenir parfois. La quantité de matches que j’ai joué et l’expérience que j’ai accumulée m’ont aidé à rester calme dans ces moments-là. Cela n’a pas toujours été le cas. On peut se laisser emporter par l’émotion. L’important est de savoir rebondir, de rester bien présent dans le match et de tout donner car au bout du compte, vous n’aurez rien à regretter si vous avez donné le meilleur de vous-même, et si vous avez fait tout ce que vous avez pu. Si l’adversaire est meilleur, vous allez lui serrer la main.

Q. C’est encore tôt, mais pensez-vous pouvoir revenir au niveau que vous aviez auparavant, numéro 1 mondial, gagner des Grands Chelems ?
R. Je ne serai pas là devant vous, ni engagé dans la compétition, si je n’y croyais pas, si je pensais que j’en étais incapable. Je veux absolument réussir à le faire. Je l’ai toujours voulu. J’ai été dans cette position et j’ai beaucoup gagné, ce sont des raisons suffisantes pour me faire penser que je peux le refaire. Je n’ai plus 20 ans, c’est vrai, c’est différent maintenant. Mais je sens que j’ai encore du carburant dans les jambes et que je peux bien jouer et être compétitif. Il y a une nouvelle génération de joueurs qui montent, c’est super pour le tennis. Cela devait arriver un jour ou l’autre. On a parlé pendant des années des « 4 Grands », qui pouvait donc gagner un Grand Chelem à part eux ? Cela devait arriver. J’espère juste ne pas me blesser. C’est le plus important. Si je n’ai pas à gérer une blessure qui me détourne de la compétition et de l’entrainement, je pense que je peux arriver au niveau souhaité.

Q. Une théorie a circulé disant que vous aviez allégé votre raquette à cause de votre coude, est-ce exact ?
R. J’ai changé de raquette, oui, en début d’année. C’est le même modèle, mais j’y ai apporté quelques ajustements. Des changements mineurs, mais significatifs dans notre monde. Agassi et Radek, qui était avec moi à l’époque, ont pensé que c’est bien pour une vision d’ensemble, pour durer dans le temps. Je m’habitue de mieux en mieux à cette raquette. Il faut du temps évidemment. Roger a changé aussi de raquette il y a quelques années, et il lui a fallu quelques mois pour s’y habituer. Mais quand on voit le jeu dans son ensemble, avec les améliorations que l’on veut y apporter, la technologie, la raquette, peuvent aider. C’est un pari. En 2009, je suis passé de Wilson à Head. Il m’a fallu une année et quelque pour trouver la bonne dimension, le bon poids, le bon équilibre, et tout ce qui convenait à mon jeu. Ce n’est qu’au deuxième trimestre de 2010 que j’ai commencé à jouer avec la raquette que j’ai gardée jusqu’à la fin de l’année. J’ai toujours la même raquette en gros, mais avec quelques changements.

Q. Avez-vous perdu un peu de puissance ?
R. Non, au contraire, j’en ai gagné, surtout sur mon service. Je trouve plus d’angle. La raquette est l’outil le plus important que nous ayons, mais il y a surtout notre corps et notre esprit, nos déplacements. La raquette aide, mais ne joue pas pour vous.

Q. Vous avez moins bien servi sur les balles de matches, est-ce psychologique ?
R. Avez-vous vu mes stats de premiers services sur les balles de match ?

Q. Non.
R. J’en ai réussi sept sur huit du côté avantage sur les balles de matches. J’ai réussi tous mes premiers services.

Q. Et alors ?
R. Alors. Vous dites que ce n’était pas bon, mais j’ai passé tous mes premiers services. Il a retourné et nous avons entamé l’échange. Il m’a fait courir, il y avait une légère brise du côté de ses retours qui emportait sa balle, il fallait faire deux fois plus d’efforts de l’autre côté. Je me suis un peu tendu, cela m’a couté un break.

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