18 April 2018: Rafael Nadal (French)
R. NADAL/A. Bedene
6/1, 6/3
Interview de RAFAEL NADAL
Q. Qu’avez-vous ressenti de vous retrouver sur ce court que vous aimez et de gagner ce match ?
R. C’est un début positif, bien entendu. C’est tout. L’important pour moi est de gagner des matches. J’ai besoin de passer des jours sur le court. Depuis Shangaï l’année dernière, je n’ai pas passé assez de temps en compétition. Chaque match est pour moi une occasion de gagner, c’est toujours une chance de pouvoir jouer un jour de plus, c’est ce dont j’ai besoin.
Q. Votre prochain adversaire sera Karen Khachanov, comment abordez-vous ce match ?
R. C’est un adversaire difficile, aucun doute là-dessus. Il sert fort et joue bien du fond du court. Je dois être agressif. Je ne dois pas le laisser dans sa zone de confort, sinon ce sera impossible. Je dois attaquer, jouer à haute intensité. Il doit sentir qu’il doit faire de grands coups s’il veut gagner un point, et pendant longtemps, et à partir de positions inconfortables. Ce sera mon objectif. Ce sera un test important pour moi, je vais essayer d’être prêt.
Q. Dans les derniers 28 sets que vous avez joué sur terre battue, vous n’avez laissé aucun adversaire gagner plus de cinq jeux, cela vous surprend-il ?
R. On ne peut pas comptabiliser des choses qui se sont passées à des années différentes et à différents moments. Si les 28 sets sont d’affilée, la même année, par exemple lors de Monte Carlo, Barcelone, Madrid, cela a plus de sens car vous montrez que vous jouez bien, que vous avez le bon rythme, que vous êtes en confiance. Mais ce que vous dites ne vaut que pour le week-end dernier et aujourd’hui. C’est positif bien sûr, mais je ne sais pour les autres 20… C’était il y a un an au moins. Cela ne veut plus rien dire. Le week-end de Coupe Davis a été très positif, et aujourd’hui, un début normal, bon, à Monte Carlo. Je dois élever mon niveau, mais j’ai de bonnes sensations pour l’instant.
Q. Pensez-vous que le temps viendra où vous sélectionnerez votre calendrier comme Roger, en décidant de sauter certaines parties de l’année, non pas à cause d’une blessure, mais parce que vous pensez que c’est mieux pour l’ensemble de l’année ? Par exemple sauter une partie de la saison sur dur, ou sur gazon ?
R. Je ne sais pas. Je ne peux pas prévoir ce qui va se passer à l’avenir. Ce n’est pas mon intention, mais je ne peux pas dire « jamais » car je ne connais pas l’avenir. On verra. Avec l’âge, il faut doser davantage ses efforts et mieux gérer le calendrier. Mais il me parait difficile de dire que je ne vais pas jouer sur gazon, par exemple, ou sur dur. Je ne peux pas imaginer sauter certains tournois exprès, parce que j’adore ces tournois-là. Je ne me vois pas rater Monte Carlo exprès. Ni Wimbledon, ni l’US Open, ni l’Open d’Australie, ni Rome… je ne peux pas les rater simplement pour économiser mes efforts… Je joue au jour le jour, ce qui se passera à l’avenir, je n’en sais rien.
Q. Vous dites avoir besoin de matches, est-ce au niveau de votre tennis ou de votre condition physique, ou les deux ?
R. Non, mais lorsqu’on joue des matches, on se sent plus à l’aise, plus en confiance au niveau du corps, on se sent plus fort physiquement. On est moins fatigué car on est habitué à une haute intensité. Toutes ces sensations s’améliorent en jouant davantage.
Q. Pour la Coupe Davis, vous avez été positif sur l’idée d’un format différent. Connaissiez-vous Gérard Piqué auparavant ? Avez-vous discuté des changements possibles avec lui ?
R. Nous avons assez parlé de la Coupe Davis. Je connais Gérard depuis longtemps, je lui ai parlé au téléphone l’année dernière, je l’ai rencontré aussi. Rien n’est parfait. Le format actuel est ancien, donc il n’est pas parfait. Le nouveau ne le sera probablement pas non plus parce qu’on passera à côté de certaines choses. Mais on ne peut que remercier Gérard et tous ses partenaires car ils veulent investir dans notre sport. Il faut accueillir ceux qui veulent investir dans notre sport. Je ne dis pas que cette idée fonctionnera à 100%. Je ne peux pas prévoir. Mais c’est bien qu’il y ait des gens avec des idées nouvelles, qui ont confiance dans notre sport. C’est toujours bien. Je suis content aussi que le nouveau staff de l’ITF essait de faire des choses différentes. Je ne sais pas si cela va dans le bon sens ou pas, mais au moins ils font quelque chose. C’est ce dont la compétition a besoin. Je ne sais pas s’il faut un changement radical, mais je ne dis pas non. Je ne dis pas oui. C’est juste bien qu’il y ait des gens qui bougent et qui cherchent à faire différemment, parce que la Coupe Davis est une grande compétition, très importante pour notre sport. Toutes les compétitions doivent être modernisées. Il faut trouver une solution pour aider les joueurs à les jouer. Ce dont on parle, en fait, c’est de la participation déclinante des meilleurs joueurs. Mais en même temps, les meilleurs joueurs sont vieux ! (rire de la presse). Ce n’est pas drôle, c’est la réalité. Si j’étais plus jeune et si Roger était plus jeune, ou Andy, ou Novak, nous aurions joué la Coupe Davis. Mais nous avons plus de 30 ans, ce n’est pas facile après une longue carrière de jouer toutes ces semaines. La prochaine génération va peut-être nous aider…
Q. Cela vous contrarierait-il si la date était fin novembre, et empiétait sur la période de repos ? Vous avez parfois eu des problèmes sur le plan physique en fin d’année, êtes-vous inquiet de cette date de fin novembre ?
R. On gagne quatre semaines, ce ne sera peut-être pas si tard que ça. Et je ne sais pas si cela arrivera du tout.
Q. Ces semaines libérées vous faciliteraient les choses ?
R. Cette année, nous avons quatre semaines pour la Coupe Davis, nous pourrions donc terminer plus tôt. Même avec la Coupe Davis en dernier, nous pourrions terminer plus têt qu’actuellement. Je ne dis jamais que le calendrier est trop long, je dis seulement que les tournois obligatoires sont trop longs. Je soutiendrai cela à 100% même si le calendrier est plus long parce que notre sport est différent s’il y a de plus en plus de monde qui en vit. Nous avons plus de tournois, plus de 150 ou 200 joueurs qui vivent du tennis, cela donne plus d’ampleur à notre sport. Il ne suffit pas que les meilleurs joueurs gagnent beaucoup d’argent pour faire grandir notre sport, il faut qu’il y ait plus de joueurs qui vivent de ce sport. Ce qui m’a toujours préoccupé, c’est que les tournois obligatoires sont nombreux et qu’il est très difficile de trouver des fenêtres dans la saison pour éventuellement sauter un tournoi.
Q. Vous nous avez dit que vous mentiriez si nous ne disiez pas que vous vous sentez tout de suite bien, dès le démarrage sur ce court, l’avez-vous senti aujourd’hui ?
R. Le tennis est le tennis, quel que soit le court. Bien sûr, à certains endroits, on se sent plus à l’aise sur le court parce qu’on y a joué beaucoup de matches, et qu’on y a beaucoup gagné. Tout cela aide à acquérir la confiance. C’est toujours plus facile de jouer dans un club que l’on connait que dans un nouveau club en golf comme en tennis. Un court de tennis est toujours un court de tennis, mais si vous le connaissez bien, vous vous sentez à l’aise, des souvenirs positifs vous viennent à l’esprit, pas des choses négatives. C’est toujours plus facile.