20 April 2018: Rafael Nadal (French)
R. NADAL/D. Thiem
6/0, 6/2
Interview de RAFAEL NADAL
Q. Vous attendiez-vous à un match plus serré ?
R. C’est évidemment un très bon résultat pour moi. Mais ce n’est pas un résultat normal face à un tel joueur. Il a été en finale des deux dernières éditions de Roland Garros, il a été en finale à Barcelone, à Madrid, en demi-finale à Rome. Il est l’un des meilleurs joueurs du monde, surtout sur terre battue. J’ai très bien joué aujourd’hui. J’ai été très agressif en général, avec de bons revers, de bons coups droits, de bons services. J’ai bien défendu, bien retourné. Je ne peux pas ajouter grand-chose, non ? C’est un excellent résultat contre un excellent rival. Je suis désolé pour lui car c’est un ami. Le score est sévère, mais je sais qu’il va se battre pour chaque titre de cette saison de terre battue. C’est une victoire importante pour ma confiance.
Q. C’est votre premier tournoi depuis votre blessure, personne ne semble surpris de vos résultats, pensiez-vous qu’il serait aussi facile de revenir et de gagner ces matches importants ?
R. Depuis votre fauteuil, cela peut paraitre facile. J’ai travaillé tous les jours. Il faut savoir garder son calme quand les choses ne vont pas bien. Les résultats de cette semaine, c’est vrai, sont très très positifs. Le week-end dernier, en Coupe Davis, m’a probablement aidé à prendre le rythme, à acquérir de la confiance. Cela se passe beaucoup mieux que je ne l’espérais il y a deux ou trois semaines. Mais lorsque je travaille, je ne m’attends pas à des choses positives ou négatives, je travaille chaque jour pour jouer mieux que la veille et pour jouer encore mieux le lendemain. Je sais que c’est difficile de jouer mieux qu’aujourd’hui. Je le reconnais. Mais mon but est de me reposer pour pouvoir me réveiller demain matin avec la même énergie et pour pouvoir entrer sur le court dans le même état d’esprit qu’aujourd’hui.
Q. Quelle relation avez-vous avec votre raquette ? Fait-elle partie de votre corps, est-elle le prolongement de votre bras ? Avez-vous changé des réglages ? Le cordage par exemple ?
R. Non, ma raquette est ma raquette. Pour tous, la raquette est importante. Je joue avec la même raquette depuis un moment, personnellement. Je me sens bien avec cette raquette. Nous avons travaillé des années avec Babolat pour l’améliorer, en ajoutant un peu de poids à la tête de raquette. Je suis content de ma raquette et de mes cordages. Le mieux, avec la raquette, c’est quand vous l’oubliez. Si vous ne pensez pas à votre raquette, c’est qu’elle vous va bien.
Q. Nous avons bien ri l’autre jour lorsque vous nous avez dit que les meilleurs joueurs sont vieux. Comment l’expérience et l’âge vous ont-ils aidé à revenir aussi souvent au plus haut niveau, en parlez-vous aux autres, à Roger, Novak, Andy ?
R. On ne parle pas trop de tout ça. Mais chacun sait qu’il peut demander aux autres s’il a des questions. Peu importe que nous soyons rivaux, pour moi, l’amitié passe avant le court de tennis. Si un joueur a des questions sur les blessures ou les traitements que je fais, je serai ravi de partager mon expérience. Ce qui est malheureux, c’est justement que j’ai beaucoup d’expérience en la matière ! Quand on me pose des questions à ce sujet, j’essaie toujours de partager mon expérience si cela peut aider. Andy et moi en avons parlé récemment.
Q. Andy est absent du circuit depuis 10 mois ou 9 mois, l’avez-vous vu à Melbourne ? Il y était pour une opération chirurgicale. Seriez-vous là pour lui s’il vous demandait votre expérience ?
R. Oui, je l’ai vu à Melbourne, et nous avons parlé au téléphone il y a deux semaines. J’étais à Majorque. Il m’a posé des questions. Je ne vous dirai pas ce dont nous avons discuté car ce ne serait pas juste pour lui, et je ne me sentirai pas bien avec ça, mais je lui ai dit ce qui avait marché pour moi. Mais bien sûr, il a son groupe et c’est lui qui décide. J’ai vécu ce genre de situation et je sais combien il est frustrant et difficile de travailler tous les jours sans voir la lumière, sans progresser. Mais si on travaille tous les jours et qu’on fait les traitements, un jour, on va mieux enfin. C’est ce que j’espère pour lui, car c’est très important pour le circuit de l’avoir.
Q. Vous et Andy partagez-vous cette même force pour revenir à la compétition ?
R. Le plus important est d’être en bonne santé. Les retours à la compétition ne sont jamais faciles. Mais si vous pouvez jouer sans être blessé, alors votre tennis revient. Cela peut prendre plus ou moins de temps, mais ce qui compte le plus, c’est d’être en bonne santé. Si c’est le cas pour Andy, alors il pourra revenir. Il ne pourra peut-être pas gagner tout de suite après si longtemps, mais il ne va pas oublier son tennis. Et s’il va bien, il pourra de nouveau être compétitif pour les titres les plus importants. Il faut surtout ne pas être blessé, car sinon, on ne peut pas jouer à un niveau suffisant, ni se battre pour les titres qui comptent.
Q. Est-ce important pour le tennis d’avoir les quatre grands, Andy, Roger, Novak et vous ? Devez-vous durer encore quelques années ?
R. Demandez aux fans… Ce n’est pas à moi qu’il faut poser la question. Je suis juste un des membres du groupe. Je ne sais pas si les fans sont lassés ou pas. C’est bien qu’une nouvelle génération arrive, pour partager avec eux… Nous n’allons pas être éternels. Le tennis est bien plus important que moi, que Roger, Novak, Andy. Nous avons besoin de futurs champions, et parmi ces jeunes, quelques-uns ont de grandes chances de le devenir.