21 April 2018: Grigor Dimitrov (French)
R. NADAL/G. Dimitrov
6/4, 6/1
Interview de GRIGOR DIMITROV
Q. Comment vous êtes-vous senti pendant ce match, vous sembliez avoir la bonne tactique ?
R. Oui, effectivement. Je ne vais retenir que les aspects positifs de ce match. C’est super d’avoir pu jouer trois, quatre matches d’affilée. Je suis content d’avoir pu démarrer sur une note positive. C’est dans le match d’aujourd’hui que je me suis le mieux déplacé, que je m’en suis le mieux sorti. C’est très positif pour les semaines qui viennent. Malgré le résultat, je joue à un bon niveau, je cours bien. Bien sûr, je ne suis pas satisfait du résultat du match mais à ce stade, je suis content de là où j’en suis.
Q. Rafa n’a perdu que 16 jeux en huit sets, est-il d’une autre planète ?
R. Il joue très bien sur terre battue, au niveau tactique également. Il fait du mal à tous les joueurs, surtout ceux qui ne sont pas au top physiquement ou qui n’ont pas de très bons déplacements. Son crochet du gauche va toujours sur votre point faible, aussi simple que cela. Pour ceux qui jouent à une main, c’est particulièrement difficile. Peu importe si vous êtes fort physiquement, au fur et à mesure du match, vous allez avoir mal à l’épaule. Il n’y a rien de fou dans tout ça, c’est logique, et on ne peut rien y faire. Je n’ai pas fait un mauvais match contre lui par rapport à la manière dont j’ai couru et dont j’ai placé la balle. Malheureusement, je n’ai pas réussi à le faire suffisamment longtemps.
Q. Des rumeurs ont circulé hier disant que vous aviez de nouveau des problèmes à l’épaule ?
R. Oui, mon épaule me fait un peu mal à nouveau. Mais c’est comme ça… Je ne veux pas en parler. J’ai zéro excuse. J’ai joué plusieurs matches d’affilée et c’est le premier tournoi sur terre battue. Cela faisait un moment que je n’avais pas autant joué sans repos et si mon épaule doit me faire mal, c’est forcément contre mon adversaire d’aujourd’hui… Je le répète, j’ai zéro excuse. Je vais parfaitement bien. Mes jambes vont bien, tout va bien. Je peux faire face à ça. Pendant les deux ou trois prochains jours, je vais reprendre ma rééducation, je serai prêt pour Barcelone. Mon but est de retrouver le rythme pour enchainer les matches et m’entrainer beaucoup. La saison de terre battue ne fait que commencer. C’est un bon pas en avant pour l’instant, et j’espère que je pourrai jouer encore beaucoup de matches. Encore de la douleur pour l’épaule donc ! (sourire)
Q. Vous avez bien rivalisé avec lui jusqu’à 3/3, 4/4, ensuite comment expliquez-vous ce qui s’est passé ?
R. J’ai joué intelligemment contre lui, je connais ses schémas de jeu un peu mieux maintenant. Nous nous sommes rencontrés onze fois au moins ! Je sais donc quoi faire et comment le faire. C’est de ma faute si j’ai perdu mon service. Deux doubles fautes : ce n’est décidément pas acceptable, surtout contre lui et sur cette surface. Il se met aussi très loin derrière sa ligne pour recevoir le service. On sait que quoiqu’il arrive, la balle va revenir. Même si on sert à 200 km/h au lieu de 130, la balle revient quand même. Même dans le premier jeu, j’ai eu pas mal d’occasions. Il a mal tapé la balle une ou deux fois, mais la balle est rentrée, sur la ligne. Cela a tourné en sa faveur à ce moment particulier, mais il a joué un tennis incroyable sur terre battue comme toujours.
Q. Vous étiez patient et vous construisiez le point, vous essayiez de le faire reculer…
R. Je n’ai pas peur de l’échange contre lui, je me sens capable de le soutenir physiquement. Il faut être patient quand on y est obligé et agressif quand on peut. Le tennis est assez simple finalement. Il n’y a rien d’autre, c’est juste la question de savoir lequel va le faire le mieux.
Q. En cyclisme, on interdisait la compétition autrefois à un coureur trop fort. Quand vous voyez Nadal d’un côté du tableau, voulez-vous forcément être dans l’autre moitié du tableau ?
R. Dans un monde idéal, je dirais oui. Parfois, j’accorde plus de valeur à la leçon que je peux apprendre. Je déteste perdre, ne vous méprenez pas. Vous me voyez sourire, car je suis quelqu’un de positif, mais au fond de moi, je suis mal. Je déteste perdre. Mais c’est la vie, c’est comme ça pour l’instant. J’espère à l’avenir pouvoir renverser la situation. Un jour viendra où je pourrai le battre sur cette surface. Mais pour l’instant, nous en sommes là et je ne peux pas changer le moment présent.
Q. Vous avez marqué plus de sets que quiconque sur terre battue contre lui, donc même si vous perdez, vous n’avez pas de si mauvais résultats…
R. Je m’en rends compte, c’est ce que je suis en train de dire. Je suis têtu. Ma mère me le dit toujours. J’aimerais continuer à jouer contre lui pour arriver un jour à gagner.
Q. Quand vous avez perdu, qu’est-ce qui vous fait sentir mieux ?
R. La vie ! Il y a beaucoup d’autres choses plus importantes.
Q. Se détendre ?
R. Je pourrais vous en parler toute la journée… J’aimerais que cela soit aussi facile que cela en a l’air, mais quand je vais rentrer à la maison, je vais être furieux, je vais mettre par écrit tout ce que j’aurais pu mieux faire. Je vais écrire toutes les choses pour lesquelles je peux être reconnaissant, je vais écrire une liste d’objectifs, et je vais passer à autre chose. C’est tout ce qu’on peut faire : contrôler ce qu’on peut contrôler, et laisser passer le reste.