22 April 2018: Rafael Nadal (French)

R. NADAL/K. Nishikori
6/3, 6/2

Interview de RAFAEL NADAL

Q. 11e titre ici, 31 masters, 76 titres, et toujours la même passion pour le jeu, comment faites-vous pour continuer ?
R. Je fais toujours les mêmes choses. Je sais bien que cela ne va pas durer éternellement. J’essaie de profiter de chaque moment, de jouer avec toute la passion et l’énergie dont je suis capable, avec tout mon amour pour ce sport, le plus longtemps possible. Je sais que le jour où je vais dire au revoir est plus près que jamais. Je ne m’en inquiète pas, mais c’est une réalité. J’apprécie chaque journée, j’essaie d’avoir la meilleure attitude possible sur le court, et de continuer à être heureux en jouant au tennis. Bien sûr, aujourd’hui est un jour important, car gagner ce tournoi signifie beaucoup pour moi. Surtout parce que c’est le premier tournoi où je vais jusqu’au bout cette année. Une victoire dans un Masters 1000, surtout Monte-Carlo, est l’une des plus importantes sur le plan personnel et sur le plan de l’histoire de notre sport. Je suis très content, très excité par tout ça.

Q. Hier vous disiez que vous aviez été un peu nerveux au début du match, c’était pareil aujourd’hui ?
R. Un peu différent. C’est vrai que j’ai eu un break contre moi au début, mais c’est dû à quelques erreurs tactiques dans le troisième jeu. Mes sensations sur le court étaient différentes, et j’ai tout de suite pu débreaker. Selon moi, j’ai bien joué les trois premiers jeux, mais je jouais trop souvent sur son coup droit ou son revers, dans le même schéma. Je ne changeais pas assez de direction. Après 2/1, j’ai beaucoup plus ouvert le court et j’ai varié les angles beaucoup plus. Le match a beaucoup changé, et de belles occasions se sont ouvertes pour moi. J’ai pu avoir une vision claire de la manière de jouer le point. C’était entièrement différent après ces trois premiers jeux. Kei s’est fatigué probablement, ce qui m’a encouragé à le faire courir. J’ai ouvert le court grâce à mon revers, cela a été très important dans ce match. J’ai été solide, même si le meilleur match de la semaine a été celui contre Dominic en quart de finale. Aujourd’hui, j’ai progressé par rapport à hier. Une belle semaine, une belle finale ! Je n’ai pas fait grand-chose de mal. Jouer contre des adversaires difficiles sans perdre un set signifie que la semaine a été bonne.

Q. Hier, vous êtes allé vous entrainer, cela a-t-il changé quelque chose pour le match d’aujourd’hui ?
R. Non, rien de changé. Je ne cherchais pas à changer quoi que ce soit. Je cherchais à me détendre, à frapper fort quelques balles et à faire aller mon bras sans être tendu. Je ne cherchais pas à améliorer quoi que ce soit. Je ne me suis entrainé que 10 à 15 minutes après le match, pas 45 minutes. Je suis allé sur le court pour taper des balles en étant décontracté, sans m’inquiéter de savoir si la balle allait entrer dans le court ou être deux mètres dehors. C’était la seule raison de cet entrainement. La mémoire joue un rôle important. Jour après jour, inscrire la bonne mémoire est important, c’était le seul objectif.

Q. Avant la cérémonie, ils ont montré à l’écran des images de vos victoires précédentes, quelles émotions cela a-t-il suscité pour vous ?
R. Je suis vieux (sourire) ! Mais c’est très émouvant en effet. Je ne devrais pas dire ça. 11 titres ici, c’est difficile à imaginer. Je dis toujours la même chose. Si je l’ai fait, quelqu’un d’autre peut le faire. Mais c’est très dur. Je ne sais pas comment c’est possible, car cela fait beaucoup d’année sans faire d’erreurs, et sans avoir de la malchance. J’ai eu de la malchance d’autres semaines, mais pas celle-là. L’histoire que j’ai dans ce tournoi est exceptionnelle, mettre un nouveau trophée dans mon musée, mon académie, est unique. 11, c’est beaucoup, surtout ici à Monte-Carlo.

Q. Est-ce seulement Novak, ou Wawrinka, s’ils reviennent en pleine forme, qui ont une chance de vous battre, où y en a-t-il d’autres ?
R. Je ne sais pas. Je n’y pense pas. Je pense seulement à mon adversaire de l’autre côté du filet. Je sais que certains sont plus dangereux que d’autres.

Q. Comme ceux que j’ai mentionné ?
R. Dans les deux joueurs que vous avez mentionnés, l’un a gagné 12 Grand Chelems, l’autre 3. Bien sûr, ils peuvent me battre, d’autres aussi, mais vous avez mentionné deux grands joueurs. Nishikori est un autre grand joueur, Dimitrov est numéro 5 mondial, Zverev numéro 4, quand on joue contre les meilleurs, on peut perdre, n’importe quel jour. Mais les meilleurs ont plus de chances.

Q. Nous savons que vous aviez des incertitudes sur votre état de santé, est-ce important pour vous d’avoir passé la semaine sans blessure ?
R. c’est important bien entendu, surtout pour ma confiance. C’est vrai que le plus long match a duré une heure et demi, c’est une bonne nouvelle. Mais il reste encore une grande partie de la saison sur terre battue à jouer, et je l’espère encore beaucoup de matches. J’espère rester en bonne santé toute la saison. La semaine prochaine, j’ai un tableau difficile à Barcelone. Aujourd’hui est un jour qu’il faut apprécier car on ne gagne pas un tournoi comme celui-ci tous les jours. Mais dès demain, je dois me concentrer sur la semaine prochaine. Ce n’est pas le moment de se laisser distraire. Il faut rester concentré et garder le rythme. J’ai gagné 7 matches d’affilée sur terre battue cette année. La manière de les gagner a été très positive. Je dois continuer dans cette voie, c’est mon objectif.

Q. Vous êtes-vous fixé des objectifs et ont-ils changé après ce titre ?
R. Mes buts ne changent pas. D’abord, rester en bonne santé, car sinon, je ne peux pas avoir d’objectifs. Ensuite, être heureux. Si je suis en bonne santé et que je suis heureux, j’ai des chances de pouvoir bien jouer au tennis. Et si je joue bien, j’ai des occasions. Ensuite, on gagne ou on perd, c’est le sport. Ce qui me rend heureux, c’est d’aller sur le court pour commencer le tournoi, sachant que si je joue bien, j’ai des chances de réussir et de gagner tous les matches. Comme je l’ai dit, on peut perdre, on peut gagner. Le principal objectif pour moi est de savoir que j’ai des chances de réussir contre n’importe quel joueur. Ensuite, jour après jour, semaine après semaine, profiter du circuit et la vie ! Le tennis est une partie importante de ma vie mais ce n’est pas tout. Cela n’a jamais été le cas d’ailleurs. La valeur d’autres choses en dehors du tennis compte beaucoup pour moi aussi. Je vais donc continuer à rester en bonne santé et à être heureux et à profiter de la vie en dehors du tennis.

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